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FeniXX réédition numérique (Balland)
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La Grosse Francine dit : « On t'cherchait, la Mimi et moi on en a marre de t'voir tapiner chez nous, maintenant qu'la Gloria est crevée, faut plus faire chier. » Et la Mimi dit : « Tu vas r'tourner dans tes tasses, espèce de loque, t'es aussi déglingué qu'la Gloria. » Je m'accroche au comptoir de La Nuit, j'ai du mal à tenir debout. Je dis à la Grosse d'aller se faire foutre, j'essaye de lui balancer ma main sur la gueule, mes doigts se prennent dans sa perruque, je hurle de rire ; elle est chauve. Avec des gros nichons et des bottes de cow-boy. Elle se met à cogner en gueulant : « Sale crevard de pédé pourri, j'vais t'foutre ce déchet dehors ! Aide-moi, Mimi ! » Je suis allongé sur le trottoir, mon nez saigne, j'arrive pas à me relever, je vois des jambes. Un attroupement. Et puis la botte de Grosse Francine qui me pousse dans le caniveau « Sale enculé ! » Je gueule : « Bande de pouffiasses ! » Le reflet des néons sur le pavé mouillé. Je vois pas mon reflet dans le caniveau. D'un style incisif et cru qui deviendra la patte de D. Belloc, Néons éclaire les tôles mouillées des pissotières et l'asphalte de Pigalle. Néons est devenu un classique. "Éclatant, magnifique, comme toujours la vérité", (Marguerite Duras).
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La réunion de famille
Michel Suffran
- FeniXX réédition numérique (Dominique Balland)
- 6 Novembre 2020
- 9782307219323
Mon enfance a été ordinaire, c'est-à-dire miraculeuse. Comme toutes les enfances. Depuis lors, ma vie, comme toutes les vies, s'ouvre d'elle-même à cette page qui n'a jamais été tournée. Ce livre est donc un miroir tendu vers ce qui est moins une époque révolue de mon existence, qu'une arête vive de mon être, une part obscure et radieuse que j'ai, jusqu'à présent, toujours considérée obliquement, à travers les transpositions de la fiction, les prestiges supposés de l'imaginaire, Pour la première, et sans doute l'unique fois, c'est à nu, à visage découvert, que j'ose regarder ce petit garçon à tignasse rebelle qui me ressemble à peine, un peu comme un fils à son père. Je m'efforce de ne pas lui prêter mes paroles et mes sentiments d'aujourd'hui ; je m'impose d'écouter son silence et, cependant, de ne pas trahir ses secrets. Je n'ai pas à le faire revivre, puisque tout, en moi, reste pétri de sa présence. Alors, d'une main malhabile de vieil écolier, j'écris, à l'encre violette, sous la dictée de ce maître exigeant ; je rature et corrige à sa demande... Mais j'ignore encore comment il va noter ma copie. La guerre a cassé mon enfance ; ou, pour parler de façon moins tragique, elle l'a pliée en son centre, en deux versants : avant, il y a surtout Bordeaux, la ville-mère, réduite à un simple lambeau brumeux et tiède, un peu crépusculaire, de "tissu urbain" : ce quartier Saint-Pierre tout proche des quais, espace clos mais ébranlé d'appels de sirènes, ouvert sur le monde invisible par l'énorme blessure, cautérisée de sel, de l'estuaire. Ensuite, les années de guerre et d'Occupation ont ressemblé - faut-il l'avouer ? - à d'interminables grandes vacances, en cette demeure bénie de mon grand-père maternel, à Mézin (Lot-et-Garonne), "maison d'haleine" couronnée par tout un royaume aérien de greniers dont j'ai longtemps été, parmi les cris des hirondelles et les sillages des défunts familiers, le seul habitant. Ce que, dans notre langage infirme, nous nommons "le passé" n'est, je le crois, qu'un lieu échappé au temps, un point illuminé de l'espace, où ceux que nous ne pouvons plus voir nous attendent, groupés, immobiles, silencieux, à l'ombre d'une terrasse baignée d'un invincible été, comme en ce tableau du peintre impressionniste Bazille, La réunion de famille, dont j'ai placé l'image au frontispice.
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Le peuple psy
Daniel Sibony
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Situations
- 22 Décembre 2017
- 9782402238809
Que peut-on attendre de la psychanalyse ? Quelle est sa place aujourd'hui dans nos cultures ?... Vieilles questions qui sont ici renouvelées à partir d'autres un peu plus vives : de quoi les sectes « psys » sont-elles le symptôme ? Quel rapport entre leur discours et le discours religieux ? Que signifie ce double mouvement où chacun s'approprie l'« idée psy », sous mille formes, cependant que les groupes « psys » se cramponnent à un ressassement dépressif ? Le livre de Sibony révèle que la « psy » est elle-même en analyse avec le monde où elle s'expose. Une analyse rigoureuse, qu'elle ignore, et qui permet de la situer, de la respecter aussi comme on respecte tout symptôme ; et de nous éclairer sur les replis de nos modes d'être. Cette démonstration, écrite sans haine ni complaisance, s'inspire d'une pratique vivante et d'un certain appel du large et de l'air libre.
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Les petites marchandes de plaisir
Jacques Cellard
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Histoire de l'entreprise
- 14 Mai 2016
- 9782402136440
Fille de petits-bourgeois ruinés par l'affaire du canal de Panama, Lucienne a retenu de son enfance difficile, 1 qu'il n'y a pas de sot métier. Joignant l'utile à l'agréable, elle exerce et raconte celui qu'elle s'est choisi avec une philosophie souriante et une crudité rigolarde. Quand elle reprend, en 1890, le fil de son autobiographie, Lucienne est devenue Lulu pour ses ami(e)s et Lulu-bath-au-pieu pour les intimes. Elle donne la pleine mesure de ses talents amoureux au couvent des Odalisques, une des « maisons de société » les mieux fréquentées du quartier de l'Opéra. Autour d'elle s'affaire le pittoresque bataillon des petites marchandes de plaisir : Irma-les-béguins, La Normande, Mélie-va-des-trois, Cléo, Fanny, Julia-comme-son-doigt et quelques autres, vouées et dévouées, moyennant une honnête rétribution, aux fantaisies d'un régiment d'amateurs : M. Pantalon, le Duc d'Aumale, M. Godart, le Berger fidèle, M. Sucre d'Orge, M. Gymnastique et beaucoup d'autres, nos semblables, nos frères...
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L'Île. Matière de Polynésie
Riccardo Pineri
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Naissance des imaginaires
- 15 Avril 2016
- 9782402098267
« Tous ces oiseaux hardis qui s'envolent vers des espaces lointains, toujours plus lointains - il viendra certainement un moment où ils ne pourront aller plus loin, où ils se percheront sur un mât ou sur quelque aride récif - bien heureux encore de trouver ce misérable asile ! [...] Il en sera ainsi de toi et de moi ! Mais qu'importe de toi et de moi ! D'autres oiseaux voleront plus loin ! » (Nietzsche) Conquérants et voyageurs, écrivains et poètes, peintres et philosophes ont souvent eu la tentation de se confronter à l'ailleurs. L'île fut alors un territoire de prédilection où le songe d'une société plus juste allait s'associer aux multiples enchantements et rêveries de l'esprit. De Thomas More, père de l'utopie, au Roi Soleil, jusqu'aux rivages de la modernité, chacun y célébra ses fantasmes et y découvrit parfois ses peurs les plus secrètes. Dans ce paysage où la littérature comme la peinture déposèrent une grande part de leurs espérances, la Polynésie joua un rôle fondamental en amplifiant le désir d'un lieu qui puisse contenir la multiplicité du génie humain. Depuis sa découverte au XVIIIe siècle, cette terre lointaine apparut comme une substitution au paradis perdu. Les promesses du bonheur y fleurirent sous différents langages, ceux de Henry Adams, Gauguin, Segalen, Matisse... Riccardo Pineri suit à la trace ces hommes et quelques autres qui eurent le désir de voir la vie changer en accostant ces îles lointaines. Entre l'île et l'oeuvre, une longue complicité s'est établie faite à la fois d'étrangeté et de familiarité. Plus qu'une quête du lieu paradisiaque, ce livre est un essai sur l'invention et l'utopie nécessaires au renouvellement de l'aventure et de l'imaginaire humains.
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Perdu dans la montagne, non loin de la frontière espagnole, un village. La plus solitaire des maisons, le mas des Oubells, sombre bâtisse cachée au fond des bois, ferme au passant le regard de ses fenêtres. La nuit, derrière cette face aveugle, des cris s'élèvent qui émeuvent la forêt. Le Chouline, propriétaire du mas, est cependant populaire dans le canton. Il plaît à tous, il fait peur aussi et nul n'oserait percer le mystère des Oubells. La femme, la fille et le petit-fils de Chouline ne se décideraient pas, victimes terrorisées, à se plaindre. Il faut que le destin, amenant jusqu'au village des étrangers singuliers, Lucien Grégoire et Hernandez, suscite une justice qui n'a pas besoin de tribunaux...
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« Il s'installe sur le palier, encerclé par les chaussures à réparer. Les rides se perdent sur son visage, il garde les yeux baissés. Ses mains sont longues et larges, elles bougent toutes seules, on voit les veines sombres qui serpentent sous sa peau. Il serre le cuir ruisselant contre son tablier, en amoureux, et lui coupe la gorge en même temps. Son couteau aiguisé fait dans la matière un bruit mat, attirant. D'une petite boîte ronde, il prend une petite poignée de clous qu'il met dans sa bouche, des clous à têtes rondes et plates qu'il avale. Il se laisse conduire comme les aveugles par le toucher. L'une de ses mains lève le marteau, l'autre exécute un rapide aller-retour. Un clou est apparu dans un pli de sa lèvre, il est passé entre ses doigts, frappé d'un coup unique, enfoncé dans la profondeur du cuir. Un autre suit aussitôt. Maman sort sur le palier et me prend par le bras. - Ne reste pas là. C'est un Palestinien. Une ombre passe dans son regard, je suis sur la piste. Ce cordonnier sans yeux fait partie de la nébuleuse dont il faut avoir peur. Je tiens une fraction du mystère, je ne le lâcherai pas. »
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Le Dindon : Tragédie burlesque
Philippe Joanny
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Le rayon gay
- 29 Octobre 2015
- 9782402018579
L'auteur, dans la droite ligne de l'école du regard, nous livre une vision tragique et drolatique du volatile handicapé qui vit en nous. Dindon, je suis, dindons, nous sommes. « Copyright Electre »
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Hors-d'oeuvre
Cécile Bertrand
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Le rayon
- 7 Mai 2016
- 9782402115117
Ensemble de sept textes minimalistes, cruels, incisifs. « Copyright Electre »
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Quand on sort du train après un long voyage à travers les dernières campagnes, on arrive là où on aurait déjà dû se trouver au départ, où on voudrait rester toujours, où on voulait arriver. On voudrait en repartir, le train nous manque maintenant. On reste un peu sur le quai. Comment ça s'appelle ici, où suis-je, où sommes-nous. où habitez-vous, avais-je demandé au chef de gare, mais aucune réponse, point de hochement de tête ni invitation à venir dormir chez lui.
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Mon amour, je disais, je voudrais que tu deviennes plus gras, que ton ventre grossisse encore, et encore... Il coupait. C'est ça, c'est ça, tu voudrais pas que je devienne moche, et con aussi, pendant qu'on y est ? Il n'y était pas du tout, vous voyez.
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Quintessence de la pédale
Stephane Triolet
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Le rayon
- 7 Mai 2016
- 9782402116589
Longtemps. je me suis posé des questions sur mon goût pour les piques à l'égard des gays. Haine de soi ? Qui aime bien châtie bien ? Snobisme ? Vengeance ? En fait, le besoin de reconnaissance sociale exprimé par la soi-disant « communauté gay » m'angoisse tout autant que ses codes, et son adhésion, pour ne pas dire sa fascination, envers le consumérisme le plus clinquant. Mon expérience dans la communauté a été bien plus oppressante que celles vécues ailleurs. Peut-être est-ce dû au fait que je cherchais à tout prix à me trouver enfin un port d'attache, de peur panique, de partir à la dérive, pour de bon. Mais, pour arrimer ma barque tant bien que mal, j'ai dû faire tellement de concessions... That joke isn't funny anymore. Ce livre, s'il n'intéresse personne, aura au moins eu pour moi un effet bénéfique : je ne tiens plus à vivre dans l'ennui, médiocre, ad lib. Je vais apprendre à dire : « NON ». Moche, vide, folle paumée et morte. Mais seul, et débarrassé de toutes ces « I will surviveries ». Enfin seul. Un déviant.
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5 000 agrafes
Damien Verhamme
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Le rayon
- 7 Mai 2016
- 9782402115520
Je vais avoir trente-quatre ans. Je n'aurai jamais d'enfants. de maison avec un jardin, une cave remplie de boîtes de jus de fruits. C'est inscrit en moi. Tout foire suite à une malédiction héréditaire. On ne peut rien contre ces trucs-là. Picoler pour ne pas se faire bouffer, pour ne pas montrer qu'on est un minable. Se payer des salopes de bar, afin de se donner l'illusion de valoir quelque chose. Je dis salopes de bar, je pense anges dépourvus d'ailes.
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Le Front national en politique
Guy Birenbaum
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- Fondements
- 17 Décembre 2015
- 9782402053129
En une décennie, le Front national (FN) a bouleversé le jeu politique. En 1983, à l'occasion d'élections partielles, et en 1984, au scrutin européen, le parti de Jean-Marie Le Pen, qui ne regroupe alors qu'une poignée de militants, se délecte de quelques « divines surprises ». Guy Birenbaum a cherché à comprendre comment le Front national est devenu un véritable parti, acteur déterminant de notre vie politique. Son livre est le fruit d'un travail de six années et d'une enquête de premier ordre qui ont consisté à lire tout ce qui était disponible, à rencontrer les dirigeants du FN et à suivre au jour le jour leurs activités. L'auteur souligne l'originalité du Front national par rapport à l'extrême droite traditionnelle. Il s'intéresse à la façon dont cette formation essaye de se structurer et il restitue au plus près les étapes de sa consolidation comme organisation. Il suit l'émergence en son sein d'une élite et il explore les moindres recoins de la « sous-société » nationale-frontiste, encore fragile et hétérogène, mais qui, peu à peu, s'incruste dans le pays et investit le terrain social. Enfin et surtout, il montre que de manière subreptice les valeurs, les idées et le langage du Front national se diffusent dans l'ensemble de la société française. Plus encore que ses victoires électorales, c'est là sans doute qu'il a enregistré ses plus beaux succès. Jusqu'à quand ? Jusqu'où ?
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« Vous avez jeté des pierres, je n'ai rien dit, vous avez tiré sur des enfants, j'ai fait comme si je ne voyais pas, vous avez mis le feu à des pneus, imposé le couvre-feu, cassé des pare-brise, inondé des rues de gaz lacrymogènes, je ne me suis jamais mêlé de vos histoires. Les juifs, vous allez chez le coiffeur juif, les Palestiniens, chez un coiffeur palestinien, mais pour la photo, vous venez tous chez moi, Hagop-photo à Jérusalem, circoncisions, baptêmes, bar-mitsvah, retours de Hajj, mariages, identité, je vous connais, je vois vos têtes mieux que vous, des têtes d'assassins, vous avez changé. » Quatorze contes dans l'Orient d'aujourd'hui. Les personnages de l'Homme assis avancent et le monde se refuse à eux, mystérieusement. Ils vivent une passion, se cognent à tous les murs mais ne renoncent pas.
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L'OEil de Berlin : Entretiens de Maurice Najman avec le patron des services secrets est-allemands
Wolf
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 12 Novembre 2015
- 9782402042833
Pour la première fois Markus Wolf, « l'homme sans visage », le légendaire chef du HvA, le service d'espionnage de l'ex-Allemagne de l'Est, qui servit de modèle à John Le Carré pour « Karla », se livre tout entier. Il raconte son enfance, la fuite face à la montée du nazisme, son adolescence à Moscou dans les années trente, à l'apogée du stalinisme, sa préparation en 1942 à l'école du Komintern, ses premières missions dans le Berlin libéré des nazis, grouillant d'agents secrets de toutes nationalités. Il dévoile comment et pourquoi s'est constituée en 1951 la première organisation d'espionnage de RDA et surtout comment il dirigea pendant plus de trente-cinq ans le service de renseignement considéré comme le plus efficace du monde. Autobiographie « subjective », le récit de Markus Wolf permet aussi de comprendre de l'intérieur certains des événements les plus importants de notre histoire contemporaine : la guerre froide, le blocus de Berlin en 1948, la révolte des ouvriers de RDA en 1953, le XXe congrès du PCUS, la révolution hongroise de 1956, l'érection du mur de Berlin en 1961, l'intervention des troupes du pacte de Varsovie à Prague en 1968, la victoire de Solidarnosc et le coup d'État du général Jaruzelski en Pologne. Il éclaire d'un jour nouveau l'histoire de la perestroïka et des « révolutions douces » en Europe de l'Est et centrale. Au coeur de ce livre, il révèle comment il a mené à bien quelques-unes des principales affaires d'espionnage de la guerre froide. Il dévoile pour la première fois les détails de l'affaire Guillaume qui fit chuter Willy Brandt en 1974, les dessous de l'espionnage scientifique et ses méthodes de désinformation. Il raconte comment il a réussi à infiltrer au plus haut niveau les institutions de l'État ouest-allemand et de l'OTAN, et ses rapports de travail avec le KGB. On le suit dans son « jeu d'échecs à coups d'agents doubles » avec le contre-espionnage de RFA ; on est avec lui à Zanzibar, à Cuba ou en Angola ; on l'accompagne en Suède lors de missions ultrasecrètes. On apprend tout (ou presque) sur ses méthodes, sur la complexe personnalité de cet homme élégant et séduisant qu'on nomme partout en Occident le « maître-espion », tandis que lui continue à affirmer : « Je ne suis pas un espion. »
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« Cette crainte de voir s'enfuir trop vite les heures et les lumières l'a saisi dès le soir du deuxième jour, au moment même où les premiers bleus nuit commençaient à se glisser dans la grande pièce et sur la peinture inachevée traînant sur le plancher, intitulée « Intérieur bleu ». Les bleus de la nuit gommaient si vite ceux du jour qu'il avait eu peur, non pas d'être entouré de dangers invisibles, mais d'être aspiré par l'ombre, englouti par le temps avant d'avoir pu laisser la moindre trace achevée de son passage. Il s'était dit que l'aube et le soir, la rotation de la Terre, n'avaient d'autre raison que d'avertir l'homme du risque de perdre son temps. » Laissé à lui-même lors de vacances qu'il avait prévu de passer avec son père à Tharos, Pierre décide de tenter une escapade jusqu'à l'îlot d'en face, inhabité, où ne subsistent plus que les ruines d'un ancien monastère. Mettant à profit son isolement, il entreprend de recouvrir de fresques les murs du réfectoire... » À travers ce bref roman à la fois lumineux et coloré, Alain Blottière nous restitue, comme de l'intérieur, le trajet qui conduira ce jeune garçon de l'apprentissage de la déception aux mystères de la création.
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Hongrois et Juifs : histoire millénaire d'un couple singulier (1000-1997)
François Fejtö
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 25 Février 2016
- 9782402056151
Seul François Fejt en collaboration avec un jeune historien magyar Gyula Zeke pouvait retracer d'une façon magistrale, mais aussi passionnante, et souvent émouvante, l'histoire millénaire des relations entre la Hongrie et « ses » Juifs. La Hongrie a offert à l'Europe un modèle d'intégration réussie : dans aucun autre pays la part des juifs dans l'industrie, dans les finances, dans le commerce n'a été aussi importante et aussi naturellement acceptée. Avant la chute de l'Empire, les Habsbourg, sur l'initiative du gouvernement hongrois, ont anobli 289 familles juives Ce contrat séculaire ne survivra pas au démembrement de l'Empire austro-hongrois après 1918. Le régime nationaliste et autoritaire de Horthy se fit l'allié de l'Allemagne nazie, sur fond d'antisémitisme larvé. Le gouvernement de Budapest refusant pourtant de participer à la « solution finale », l'Allemagne occupe la Hongrie en 1944 et déporte plus de 450 000 juifs hongrois : livrés à Eichmann, ils fourniront les derniers contingents à la machine d'extermination d'Auschwitz. Sortie du nazisme et du communisme, la Hongrie compte cependant, de nouveau, la communauté juive la plus nombreuse et la mieux intégrée d'Europe centrale.
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« Je suis monté dans la rame à Châtelet, et je n'en suis pas ressorti. À Montparnasse, je n'ai pas pris ma correspondance pour la rue du Bac. J'ai continué. La rame a continué ma course jusqu'au hangar souterrain où l'on gare les wagons. Là même où tout a commencé, la maladie. Parce que je n'étais descendu à aucune station. Je l'ai vu dans leur regard, celui des agents de la RATP, que quelque chose de grave s'était passé. Je n'étais pas SDF et je ne voulais pas rentrer chez moi. Ce détail aussi, je portais un manteau long en cachemire et des Church's. Dans la poche arrière de mon pantalon, un portefeuille en règle avec carte bleue, dans celle avant droit, les clefs d'un appartement rue Vivienne et des papiers froissés qu'un certain civisme me dictait - jusque-là - de ne pas jeter sur la voie publique. J'ai donc dans un premier temps bénéficié d'un traitement de faveur de la part des agents, puisque j'avais dû faire un malaise. Je leur ai, moi, expliqué que c'était à cause des plantes, de la présence envahissante des plantes chez moi. Et leur regard s'est fermé net. »
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« Je suis allé m'installer en Tunisie dans le village de mon père quelques jours après sa mort. J'y avais passé une partie de l'été, chaque année, depuis l'âge de cinq ans. Mon père n'y était retourné avec moi qu'après une absence de douze ans. Une sorte de rupture. Voulais-je retrouver ses traces ? Maintenir tendus les fils du temps ? Était-ce une solution de facilité ? J'ai accompagné le cercueil dans l'avion. À Tunis, j'ai retrouvé ma cousine Faouziya et mes tantes en larmes. Elles se griffaient le visage, se frappaient la poitrine. Elles m'ont serré longuement dans leurs bras. On me répétait que mon père n'était pas mort en vain, puisque j'étais là. Mon installation au village était un retour à l'ordre des choses. Le lendemain, le corps fut glissé dans la tombe du petit cimetière du village. Entouré d'un simple drap. La coutume. »
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Vivement des femmes : enquête sur leur place dans la vie politique
Violaine De Cordon
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 14 Mai 2016
- 9782402089654
Pourquoi les femmes sont-elles si rares en politique ? Désintérêt de leur part ou ostracisme à leur égard ? Le constat est simple : en 1987, on compte 34 femmes sur 577 députés, 8 sur 319 sénateurs et seulement 9 ministres depuis 1947. L'auteur a interrogé une centaine de personnalités, en commençant par les intéressées qui ont elles-mêmes souvent rencontré de sérieux obstacles. Que ce soit Simone Veil, Françoise Giroud, Édith Cresson, Yvette Roudy ou les autres, elles ont toutes en commun des expériences étonnantes et parfois douloureuses. Les hommes politiques, de François Mitterrand à Raymond Barre, en passant par Michel Rocard et François Léotard, ont confié ce qu'ils attendent des femmes et se sont même livrés à de curieuses confidences. Jean-Pierre Elkabach, Ivan Levaï, Christine Ockrent ou Alain Duhamel, ont avoué leurs préférences pour les unes ou pour les autres, leurs désirs de les voir plus nombreuses ou au contraire ont laissé poindre un soupçon de misogynie. La politisation croissante des Françaises dans les années à venir, annoncée par les politologues et les sociologues, devrait alerter les leaders politiques : ils courraient de grands risques s'ils n'en tenaient pas compte. Au-delà d'une enquête sur les blocages de la société française, l'auteur a voulu raconter, à travers de nombreux portraits et anecdotes, les péripéties de son voyage au pays où les femmes sont rares.
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Borges ou l'Hypothèse de l'auteur
Lellouche
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 12 Novembre 2015
- 9782402045568
L'oeuvre de J.-L. Borges n'est pas réductible à la juxtaposition de ses thèmes : tigres, couteau, miroirs, labyrinthe, etc., mais possède au contraire une profonde unité. Articles, études et contributions diverses n'ont certes pas manqué depuis sa mort ; il restait cependant à écrire l'essai critique capable de rendre intelligible l'oeuvre dans la totalité de ses aspects et de dévoiler leur convergence dans le problème central d'une expérience littéraire. C'est ce type d'investigation qu'a mené Raphaël Lellouche en passant les livres de l'écrivain argentin au crible d'une herméneutique paradoxale, en partie inscrite dans la tradition de Blanchot et nourrie aux sources de la Kabbale et du scepticisme. S'arrêtant plus longuement sur certaines nouvelles, il a réussi à dégager ainsi une « physionomie » de celui qui, en avouant l'impossibilité de la biographie, s'est lui-même souvent présenté comme un usurpateur et un prince de l'artifice. À partir d'une analyse de l'« expérience de l'infamie », c'est-à-dire de l'altération caractéristique du rapport de Borges à la fama (la réputation, la renommée, la gloire...), Raphaël Lellouche nous éclaire sur la curieuse « excuse de son indignité », sans cesse invoquée par Borges quant à son statut d'auteur. Bien au-delà d'une conventionnelle protestation de modestie, celle-ci présente l'« auteur » comme s'il n'était qu'une hypothèse fictive - une fiction - s'incluant dans l'infini littéraire, mémoire anonyme qui efface l'individualité, et finalement identique à l'oubli. De plus, cet essai donne lieu à une saisissante interrogation sur les pouvoirs et les dangers de la littérature qui, en touchant à la différence entre réel et fictif, se met à l'épreuve de la violence de l'être.
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Faisons un rêve : Éloge du fantasme en politique
Michel-Antoine Burnier
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 12 Novembre 2015
- 9782402043359
Jacques Chirac face à lui-même - Le triomphe de Georges Marchais - Quo vadis ou La vengeance de Raimondus Barre - Les fiches du président Léotard - Tapie rachète Montand - La divine surprise de Monsieur Le Pen - Le cauchemar de François Mitterrand - Rocard des tempêtes.
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Histoires de Russie et d'ailleurs
Marc Ferro
- FeniXX réédition numérique (Balland)
- 12 Novembre 2015
- 9782402043809
Faire de l'histoire, c'est souvent la rencontre d'une passion et d'un objet. Marc Ferro a choisi l'URSS. Depuis Nicolas II, à l'aube de la Révolution d'Octobre jusqu'à la société soviétique d'aujourd'hui. Sa passion ? Peut-être une certaine façon de ne pas se payer de mots, de refuser le piège des idéologies et des sources officielles. Bref, une tournure d'esprit qui le conduira à la rencontre de Fernand Braudel, puis à la direction de l'École des Annales. Dans ce livre, Marc Ferro dévoile les chemins qui l'ont amené à devenir historien de l'URSS. Un itinéraire qui commence dans le maquis du Vercors, se poursuit en Algérie où il comprend pour toujours que les mots n'ont de valeur que celle qu'on leur accorde. Enfin la rencontre, dans les années soixante, d'une société qui ne s'étudiait alors qu'à travers les lunettes du communisme ou de l'anticommunisme militants. Qu'est-ce qu'un membre de l'intelligentsia ? Jusqu'où ira le déboulonnage des mythes révolutionnaires ? L'homo sovieticus est-il une fiction, au même titre que l'âme russe ? L'analyse exclusive des sphères du pouvoir - la kremlinologie - est-elle la seule grille possible pour comprendre l'URSS ? Le succès et en même temps l'échec du système communiste ne résident-t-ils pas dans la constitution d'un vaste groupe de gens très éduqués pour qui les lourdeurs du totalitarisme sont désormais insupportables ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont posées dans cet ouvrage chaleureux qu'on peut lire comme une introduction à la méthode historique, une mine de références inédites sur la société russe d'hier et d'aujourd'hui. Histoires de Russie et d'ailleurs est la mise en place de la mémoire d'un homme en quête de celle d'un peuple.